Laurent Dailleau (1959 – 2013)

Laurent Dailleau © Natacha Nikouline / voir la vidéo

Laurent Dailleau, musicien, auteur avec le croupe Anahata d’une pièce crée dans le parc de l’Ermitage pendant la biennale panOramas 2010, est mort ce weekend. Nous voulions lui rendre hommage.

C’était en 2010, au mois d’octobre. Une belle nuit d’automne, plutôt inespérée, qui restera dans nos mémoires comme la Nuit Verte, pendant la première édition de panOramas. Au parc de l’Ermitage, à Lormont, c’était la fête. Installations numériques, buvette spectaculaire, agréable restaurant asiatique en plein air, petit ponton d’embarquement sur l’étang, bateaux qui filaient, passagers à bord, vers des radeaux où leur serait offert un moment magique. Près de l’étang, le Nuage de l’Ermitage, déjà, émerveillait son monde. La nuit tombée, on grimpait les escaliers qui mènent vers le haut du parc pour découvrir sur la gauche un petit plateau meublé de podiums entre lesquels se promenaient quelques curieux, dans l’attente de quelque chose.

Vers onze heures, des néons bleus s’allument, ambiance Nosferatu. Sur les podiums s’installent plusieurs musiciens vêtus d’exosquelettes, entre la tenue de Terminator et un sac à dos branché, faits de métal et de plastique ainsi qu’un type à lunettes en costume noir, qui lui se campe derrière une boîte rectangulaire à antennes… Bizarre.

Le concert commence, car c’est de cela qu’il s’agit, de musique. L’homme en noir joue du theremin, un instrument électroacoustique qui produit un son modulé par la présence des mains du musicien à proximité des deux antennes. Les autres bougent, et l’appareillage qu’ils trimbalent capte leurs mouvements et les transforme en sons. Le tout produit l’un des concerts les plus étranges et les plus saisissants qu’il m’ait été donné d’entendre.

Cette irruption de l’électronique, en apparence incongrue, dans un lieu dédié aux beautés naturelles, va pourtant être l’un des plus beaux moments de cette biennale panOramas, à tel point que l’édition 2012 comportera une évocation de celui ci, sous la forme d’une tente dans laquelle était diffusée un enregistrement de la pièce créée ce jour là par Anahata, (le groupe) et Laurent Dailleau (l’homme au theremin) à l’initiative de Médias Cité. D’ailleurs, ce beau moment est aujourd’hui un signe de reconnaissance, qui distingue ceux qui en étaient des autres, qui l’ont seulement entendu raconter…

Si j’évoque aujourd’hui ce souvenir, c’est pour rendre hommage à Laurent Dailleau qui est mort ce weekend. Son irruption dans le paysage culturel de la Rive Droite, l’engagement qui fut le sien dans la création de cette pièce, puis dans son enregistrement lors d’une résidence au domaine de Beauval, à Bassens, et la fidélité dont il fit preuve après cette première édition ont fait de lui l’un des plus agréables parrains dont cette manifestation pouvait rêver. De cela, nous le remercions. De la beauté étrange que lui et ses comparses firent surgir de la nuit lormontaise, nous le remercions. Du souvenir qu’il nous laisse, nous le remercions.

Et nous pensons aussi à celles et ceux qu’il aimait ; et qui l’aimaient.

Vous trouverez ici le site Web de Laurent Dailleau où figure sa discographie complète.

La photographe Natacha Nikouline a réalisé un entretien avec Laurent Dailleau.

Illustration © Natacha Nikouline, extraite de Figé, émoussé, la tête vide : un entretien avec le compositeur Laurent Dailleau.

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