Quand la ville reste à écrire

Une balade commentée à la manière d’un voyage à travers différentes sphères du temps. Temps de l’Histoire, celle des hommes et d’un coteau boisé qui les a nourris et hébergés et qui retrouve aujourd’hui sa couleur Nature. Temps du présent, de l’existant, de la réhabilitation, de ce qui raconte le passé et qui subsiste. Temps de l’anticipation, du devenir, des perspectives futures.

C’est vrai, tramway et rénovation urbaine ont désenclavé la Rive Droite et la ville de Cenon, adossée au parc des Coteaux, qui domine, à 70 mètres d’altitude, la Garonne. Mais la ville reste encore à écrire et les projets innovants foisonnent. Focus sur quelques programmes phares.

Station de tramway la Buttinière : la ville en 16[   ]9ème

(départ point vert sur la carte)

site du 16[ ]9ème vu depuis le parc Palmer

 Vue imprenable sur Bordeaux et le fleuve, des appartements traversants inondés de lumière, des bâtiments aériens et une passerelle faisant lien entre le parc Palmer et le parc des Iris, un nouvel espace pour vivre et travailler,  telle est l’ambition du projet urbain 16[   ]9ème.  Le programme pluriel associe habitat privé et social, services et commerces, pôle de coopération économique et pôle territorial de coopération jeunesse, espaces publics et parc-relais agrandi.

Jaïro Pinedo, architecte du cabinet RCR-Artorec, nous expose la philosophie du projet : « Il s’agit de densifier la ville plutôt que de l’étendre encore et encore. Notre démarche s’inscrit dans le cadre de l’opération « 50 000 logements le long des axes de transports collectifs » engagée par la métropole et qui vise à produire des logements de qualité à des prix abordables, 2500€ le m2, afin d’encourager la mixité sociale. Mais surtout, de les réaliser autour des axes de transports collectifs. Ici, on va renforcer les liens transversaux entre les habitations et les quartiers voisins.»

En effet, les acteurs du projet veulent transformer ce lieu aujourd’hui fonctionnel (parc-relais, tram et bus) en un véritable lieu de vie et de travail. Stratégiquement situé, le 16[    ]9ème sera une porte d’entrée sur la métropole.

Rocher de Palmer : éveil de cultures

photo A.Chapelard

Nous franchissons les tertres herbeux et le pont enjambant l’avenue Carnot pour entrer dans le parc Palmer, à la suite de Benjamin Chambelland, paysagiste-doctorant, en charge de la mission parc des Coteaux au GPV Rive Droite.

La silhouette entreprenante du Rocher de Palmer, recouverte d’un métal rouge immanquable, est la première chose que l’on voit. Avec près de 50 nationalités différentes, la ville s’est dotée en 2010 d’un espace culturel et numérique dédié aux musiques du monde, œuvre de Bernard Tschumi. Jazz, musiques du monde, électro, hip-hop, l’association Musiques de nuit propose une programmation éclectique avec concerts, expositions, siestes musicales. Seul mot d’ordre, le métissage musical.

Le Rocher de Palmer, première scène numérique des cultures du monde, accueille autant d’artistes internationaux qu’il accompagne des talents locaux. Résolument ancré Rive Droite, le Rocher développe également des partenariats avec le tissu associatif local et projette d’investir dans une salle supplémentaire très prochainement.

Sa situation, au cœur du parc Palmer, en fait un carrefour incontournable de rencontres et d’initiatives.

Le parc Palmer : histoire de reliefs

Avec ses 25 hectares de bois, de prairies sauvages, de sentiers de randonnée surplombant une falaise abrupte et son théâtre de verdure, le parc Palmer offre un paysage diversifié et un panorama unique sur Bordeaux et le fleuve. Le château Palmer qui accueille expositions et spectacles et le Château Tranchère qui abrite l’école de musique racontent le passé de cet endroit prisé des notables bordelais qui y installaient leurs villégiatures.

Benjamin Chambelland nous fait découvrir la diversité floristique et faunique de cet écrin de verdure au cœur de l’agglomération et qui fait la jonction entre le Haut et le Bas Cenon.
«Nous sommes ici sur un coteau calcaire orienté plein Sud. Cela a son importance car de là découle sa particularité biologique. On y a observé des espèces rares comme, par exemple, le papillon de Provence qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Aquitaine. […] Notre parti pris, c’est de préserver la biodiversité, tout en prenant en compte les usages établis ou à venir et de gérer le parc en conséquence. On travaille depuis 2013 avec les Villes et de nombreux partenaires pour établir et mettre en œuvre un plan de gestion écologique et partagé du parc des Coteaux auquel appartient le parc Palmer.»

La Vieille Cure : un projet innovant autour de la transition alimentaire

Vieille Cure – Cenon

La réhabilitation de l’existant est aussi une part importante de ces projets. Nous quittons un temps les chemins de terre pour rejoindre l’ancienne usine de distillerie de la Vieille Cure, derrière l’hôtel des impôts, en compagnie de Maxime Derrien, architecte-urbaniste du GPV Rive Droite. L’édifice a connu ses heures de gloire au début du 20ème siècle et produisait la liqueur du même nom, à bases de plantes, très appréciée, outre Manche notamment. Spécialisée dans les liqueurs, cognacs et armagnacs, l’usine, dans les années 70, peine à s’imposer sur le marché des alcools et cesse ses activités en 1987.

Aujourd’hui, la ville a racheté le bâtiment et confié au groupe Évolution, concepteur et administrateur de l’écosystème Darwin (Caserne Niel), le soin d’étudier la possibilité d’une reconversion du  site à sa mesure. «Le thème central, nous explique Maxime Derrien, sera la transition alimentaire.  Il y a notamment la volonté de créer une cantine populaire et ouverte à l’extérieur qui proposera des repas à des prix modestes, entre 5 et 7€, en bio. Et cela, au cœur des quartiers.»

Réinvestir ce lieu sera également le moyen de renforcer les liens entre le Haut-Cenon et la basse ville. La Vieille Cure se situe en effet tout près d’un sentier qui serpente, longeant les rues sinueuses, jusqu’à l’hôtel de ville et la salle Simone Signoret.

Salle Simone Signoret : une nouvelle salle pour le spectacle vivant

salle Simone Signoret

Céline Dotigny, directrice des activités artistiques de la Ville de Cenon, nous reçoit dans la nouvelle salle Simone Signoret, d’une capacité de 200 places. « Nous voulons que cet espace soit un espace qui rassemble. L’objectif est de donner envie au plus grand nombre de participer à la saison culturelle parce qu’elle s’adresse à chacun d’entre nous. C’est pourquoi notre programmation est pluridisciplinaire et propose théâtre, danse, musique ou encore spectacles jeune public à des tarifs accessibles. »

Des spectacles pour tous, tour à tour poétiques, impertinents, universels….diffusés salle Simone Signoret mais aussi en collaboration avec d’autres lieux culturels, dans un cadre atypique ou en plein air…

Au cœur de ces espaces naturels qui sont la véritable colonne vertébrale de la ville de Cenon.

Retour en Tram arrêt Mairie de Cenon (point rouge sur la carte) ou Cenon Gare

Auteur : Aïcha Chapelard


Proposées par le GPV à Bordeaux métropole, Ligne (s) Droite (s) a embarqué le public de l’Eté métropolitain 2017 à la (re)découverte de la Rive Droite. En train ou tramway, à vélo ou à pied, huit balades commentées ont permis aux participants venus pour plus de la moitié de la rive gauche, d’appréhender ce territoire en pleine évolution, entre projets innovants et préservation de la qualité de vie. Huit balades et autant de regards différents.

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