De la musique avant toute chose

Des chantiers urbains d’envergure jouxtant une cabane de pêcheurs, un resto embarqué sur un vélo non loin de la grande salle de spectacle qu’attendent tous les métropolitains… La voix d’une soprano accompagnée au piano… Une balade à vélo de Bordeaux à Floirac, avec changement de tempo à chaque étape !

Urbanisme, économie, culture, cadre de vie, les projets de la Métropole jouent sur tous les tableaux, distillant une image toujours plus attractive. L’arrivée de la Ligne à Grande Vitesse, cet été 2017, a encore accru la force d’attraction.  Sur la Rive Droite, la future ZAC Garonne Eiffel, 3e volet de l’opération d’intérêt National Bordeaux- Euratlantique s’étendra sur un territoire de 128 ha, dont 81 sur Bordeaux et 47 sur Floirac. La ZAC des Quais, aujourd’hui baptisée « Rives de Floirac » verra s’ouvrir l’Arena en janvier prochain, avant la polyclinique du Tondu fin 2018 et la mise en service du pont Simone Veil en 2020. Pour mesurer l’ampleur des changements urbains en cours et à venir sur le sud de la plaine Rive Droite, il fallait pouvoir remonter les quais en douceur et s’autoriser des haltes. Rendez-vous a donc été pris avec les urbanistes de Bordeaux-Euratlantique et de la Métropole, devant le Café du port, quai Deschamps, pour une balade à vélo de Bordeaux à Floirac.

Parc aux Angéliques et Belvédère : la vision d’un hypercentre urbain

Quai Deschamps à Bordeaux, le parc aux Angéliques dessiné par Patrick Ecoutin et Pascal Cribier poursuit son déroulement séquentiel, plateformes paysagères, pistes ombragées et espaces ouverts, dont certains ont déjà été investis par les arts graphiques, le sport ou simplement par des habitants venus là pour se détendre.

Premier maillon du projet urbain Garonne-Eiffel, le Belvédère se développe sur plus de 9 hectares dont 3,9 à bâtir qui accueilleront notamment un quartier d’affaires directement connecté avec celui de la gare. « Il s’agit de créer une nouvelle centralité urbaine au pied du pont Saint-Jean, explique Sophie Jeantet, architecte urbaniste en chef du projet Garonne-Eiffel à Bordeaux-Euratlantique. «L’ambition forte du projet est de réaliser un paysage intégrant les espaces publics, de trouver un équilibre entre la croissance métropolitaine et la préservation de la qualité environnementale. Il s’agit d’apporter à ces quartiers une identité urbaine contemporaine et une qualité de vie reconnue.»

Dans cet optique, notre peloton emprunte la rue Matteoti et le chemin de Richelieu, pour rejoindre,  à Floirac, la piste cyclable rejoignant les Rives de Floirac. Occasion d’admirer ce que Sophie Jeantet appelle les «invariants», des bâtiments qui racontent le patrimoine industriel de la ville ou encore des espaces à préserver pour «ménager des respirations entre les constructions». Axe de mobilité douce, lapiste cyclable permet de traverser tous les secteurs en rénovation du Bas-Floirac jusqu’à la ZAC des Quais, renommée les Rives de Floirac. Mais avant de poursuivre jusque-là, nous posons pied à terre au jardin des Étangs pour une halte culinaire et artistique.

Les Étangs : l’esprit du lieu

Le jardin des Etangs

Le jardin des Etangs

Dessiné par Olivier Brochet dans le cadre de la requalification du quartier, ce parc urbain offre une pause douce entre les verticales des constructions. Environ 700 logements l’entourent, bénéficiant d’une vue sur le plan d’eau et, de l’autre côté, sur les coteaux arborés. Sa vocation initiale de lieu de pêche a été conservée ainsi que les jardins ouvriers situés à l’arrière, de l’autre côté de la piste cyclable. L’ajout de ruelles entre les immeubles a multiplié les entrées sur cet espace rendu aux habitants sans dénaturer l’esprit du lieu.

L’expressionnisme brut et « sans filtres » de Liz Mosa et l’art urbain aux aguets de Laurent Lamaco nous accueillent devant le local de l’association des pêcheurs. Les deux artistes nous offrent un aperçu de leur recherche picturale autour du Resto Vélo de l’association le RAFU. Espace d’exposition indépendant « chez l’habitant », le RAFU a pour objectif de favoriser l’accès à l’art et à la culture pour tous. Le principe étant le maillage artistique (arts visuels, théâtre, danse… ) autour des bons petits plats de Marie et de sa sœur, toujours mitonnés à partir de produits frais issus des circuits courts.

Cette fois-ci, pendant notre repas aux saveurs fruitées et résolument végétarien, nous écoutons la voix de soprano de la chanteuse Elizabeth Petillot accompagnée par la pianiste Laurence Giraudet qui nous présentent un aperçu du répertoire du chant lyrique. Puis il est temps de remonter sur selle et de reprendre la piste cyclable jusqu’à déboucher sur la rue du Mascaret en plein cœur de la ZAC.

Les Rives de Floirac : la rénovation urbaine sous le signe de la mixité

Marie-Pierre Laubeuf, chef de projet de la ZAC des Quais pour Bordeaux Métropole, nous expose les grandes lignes du projet de rénovation à l’œuvre dans ce secteur délimité par le quai de la Souys, la rue Jules Guesde, l’ancienne voie ferrée Bordeaux-Eymet et l’avenue Gaston Cabannes. « La volonté a été de composer avec l’existant et de construire un quartier cohérent. La déchetterie de Véolia étant déjà installée, les autres espaces d’activité vont s’appuyer autour. L’avenue Alfonsea va venir former une transition naturelle. La conception est celle d’une zone mixte avec 1 600 logements à terme mais aussi des bureaux, un groupe scolaire, des commerces et des locaux d’activité. » Et bien entendu, la désormais célèbre Arena, dessinée par l’architecte Rudy Ricciotti et conçue pour s’insérer dans un quartier habité. « Ce projet a été retenu, en partie, pour cette caractéristique. Le bâtiment sera doté d’une cour logistique fermée dans laquelle les camions pourront entrer et être déchargés. C’est une donnée très importante car ce système réduira au maximum les nuisances pour les riverains. » La nouvelle polyclinique du Tondu s’implantera également fin 2018.

Point fort pour l’aspect paysager : une noue centrale permet de gérer l’écoulement des eaux pluviales venant du coteau et offre une promenade traversante jusqu’aux berges de la Garonne – dont le renforcement et le réaménagement ont déjà commencé –  jusqu’au nouveau pont tant attendu.

Le pont Simone Veil/ Jean jacques Bosc : bien plus qu’un ouvrage d’art

Bordeaux métropole arena

La balade s’achève face aux rives qui donnent leur nom populaire à ce quartier en création. Il faut se projeter, imaginer ce que changera encore l’arrivée de ce pont. A l’horizon 2020, il permettra de relier la gare en 5 minutes, de renforcer et de rééquilibrer les liens avec les quartiers de Bordeaux et de Bègles, inclus dans l’OIN Bordeaux-Euratlantique. Le futur ouvrage imaginé par l’agence Rem Khoolaas se veut davantage qu’un franchissement urbain supplémentaire. La grande dalle posée sur une structure métallique de 9 travées, longue de 549 mètres et large de 44 dont 15 mètres réservés aux piétons et deux roues, est destinée à de multiples usages. Le pont pourrait accueillir des concerts, un marché, des compétitions sportives, un espace de vie à part entière.

Les travaux devraient débuter en décembre.

En attendant la pose de la première, nous remontons sur nos vélos et rebroussons chemin jusqu’au pont de pierre avec dans la tête un autre tempo, une musique d’anticipation, les notes d’un film qui n’en est qu’à son préambule

 

Auteur : Aïcha Chapelard


Proposées par le GPV à Bordeaux métropole, Ligne (s) Droite (s) a embarqué le public de l’Eté métropolitain 2017 à la (re)découverte de la Rive Droite. En train ou tramway, à vélo ou à pied, huit balades commentées ont permis aux participants venus pour plus de la moitié de la rive gauche, d’appréhender ce territoire en pleine évolution, entre projets innovants et préservation de la qualité de vie. Huit balades et autant de regards différents.

 

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