Lormont, Histoire(s) Naturelle(s)

Cette « balade en compagnie » a conduit les marcheurs.ses à découvrir à la fois le Lormont boisé des Coteaux et minéral du vieux bourg. Une balade entre nature et culture sous un soleil radieux. Récit par Aline Chambras

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auteur (récit, photos, légendes de la carte) : Aline Chambras

 

Au point de départ, à l’arrêt du tram A à la Buttinière, une vingtaine de participants, en grande majorité des femmes, sont au rendez-vous. Pour certaines, c’est leur première balade urbaine, comme c’est le cas de Hélène, venue exprès de Vayres, ou de Myriam une Lormontaise qui souhaite « découvrir sa ville d’une autre façon ». D’autres sont des aficionados, à l’instar de Bernadette qui a déjà fait la balade de Cenon et de Bassens.

Chaussures de marche aux pieds et chapeaux sur la tête, le groupe se met en marche, direction le petit bois derrière le parc-relais. L’occasion d’apprendre que le site de la Buttinière devrait évoluer considérablement ces prochaines années : avec le programme « ‘seize [    ] neuvième »’, issu de la démarche métropolitaine dite des « ’50 000 logements autour des axes de transports collectifs »’, habitat, pôle économique, services et commerces viendront à l’horizon 2021 peupler ce pôle multimodal. De lieu de passage, la Buttinière devrait donc devenir un lieu de vie.

En quittant le parc-relais, le groupe emprunte un chemin boisé, qui borde le complexe sportif des Iris avant de déboucher non loin du lycée du même nom. Le temps de longer les stades Jules Ladoumègue et René Sayo, voilà les promeneurs parvenus au parc des Iris où se trouvent la ferme pédagogique et le poney club Lormontais. Emmanuel Nagoua, écologue à la Ville de Lormont et guide-expert pour cette balade attire l’attention des participants sur une grande plante esseulée aux fleurs mauves, en bordure du chemin : « C’est une cardère sauvage, que l’on appelle aussi le cabaret des oiseaux, car ses feuilles sont disposées en cuvette dans laquelle l’eau de pluie peut s’accumuler ».

En contrebas du parc des Iris, direction le Domaine de Valmont, où s’est installé le drive fermier en 2012, dans une vaste demeure de pierre blanche aujourd’hui propriété de Bordeaux Métropole. C’est ici qu’à l’horizon 2020 doit ouvrir la Maison des Écritures, un lieu de culture et de résidence d’artistes. Derrière, une vue plongeante sur la ZAC Pont-Rouge et les pins parasols plantés à flanc de coteau ouvre l’horizon. Ici 60 mètres nous séparent du niveau de la mer.

En quittant les Iris pour le parc de la Verdière, la balade se fait olfactive : nectar de clématites, sureau sambucus et son odeur de poulet grillé, et bien sûr le laurier, qui a donné son nom à la ville de Lormont. En revanche, les bruits sont rares : « avant on entendait le chant des oiseaux, mais là c’est plutôt silencieux », fait remarquer Emmanuel Nagoua. Un silence qui est la conséquence de la très grande diminution de l’avifaune en milieu urbain. « Il y a bien les pigeons qui résistent, mais eux ils ne chantent pas ! », s’exclame une promeneuse.

Après avoir passé un pan de mur, unique vestige du château de Bellevue, le chemin en belvédère pénètre le haut du parc de l’Ermitage, là où les points de vue sur la Garonne, la cité du Vin et le pont Chaban-Delmas sont les plus fameux. Installés sur un promontoire, le groupe écoute Emmanuel Nagoua leur rappeler l’histoire d’un Lormont tourné vers la production de ciment. De 1932 à 1978, la cimenterie Poliet et Chausson s’installe sur le coteau. Quatre châteaux, Bellevue, Raoul, l’Ermitage et Lissandre, seront détruits pour permettre l’extraction de l’argile et du calcaire. Une activité faite de tirs de dynamites, d’incessants aller/retour de camions et de poussière dont se rappellent encore les anciens, alors même qu’aujourd’hui, la nature a repris spontanément ses droits. Devant un figuier, Emmanuel Nagoua raconte l’étonnant mode de reproduction de cet arbre ou encore l’étrange histoire de l’azurée du serpolet, un papillon né d’une chenille élevée par les fourmis. Le public attentif pose mille questions.

Après un passage difficile, dû à des chutes récentes d’arbres, c’en est fini du parc de l’Ermitage. Via la côte du Pimpin, direction le vieux bourg de Lormont. Là, Igor Pavlata et Christian Cayla de l’association des Amis du Vieux Lormont prennent la tête de la balade. Une fois traversée la minuscule rue du Kiosque, la troupe franchit les grilles du lavoir Gelot, le temps d’une halte rafraîchissante. Quelques mètres plus haut, dans la rue du Général De Gaulle, un escalier descend au lavoir Blanchereau, le plus ancien de la commune.

Une fois remonté sous le plomb du soleil, le petit groupe emprunte la rue du Sang, dont le nom reste un mystère. « Soit c’est parce qu’ici a eu lieu de nombreuses batailles, soit parce que c’est par là que s’écoulait le sang du bétail, les jours de marché », indique Igor. Un marché qui se situait plus haut devant le château du Prince Noir, aujourd’hui rénové. C’est dans son enceinte où s’élève (entre autres) une sculpture monumentale de Jean-François Buisson et d’où l’on entend la rumeur de la rocade qui coupe Lormont en deux que s’achève la visite. Il est temps maintenant de rejoindre la place Aristide Briand où se tiennent les festivités du 13 juillet !

Pour aller plus loin 

 


Ligne(s) Droite(s), balades en compagnie…

Proposées par le GPV Rive Droite, les Ligne(s) Droite(s) sont 8 balades, en compagnie d’experts et d’habitants, pour faire découvrir au public de l’Été métropolitain la Rive Droite, son patrimoine, ses paysages, ses bons coins, ses initiatives et projets, son histoire, ses histoires….

Dans le cadre de l’Été métropolitain 2018 programmé par Bordeaux métropole, le GPV Rive Droite propose Ligne(s) Droite(s) : 8 balades en compagnie d’experts et d’habitants qui guideront les marcheurs pendant quelques heures à la rencontre des parcs, du patrimoine ancien et contemporain, des secteurs de projet urbain et des gens qui font bouger la Rive Droite à Bassens, Bordeaux-Bastide, Lormont, Cenon et Floirac.

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