Bassens, de mémoire en avenir, 22 août

Cette fois, ceux qui aiment la Rive Droite prendront le train ! Rendez-vous à 14h20 tapantes dans le hall des départs de la gare Saint-Jean, car le TER n’attend pas. Une dizaine de personnes grimpe dans le wagon. Pour certains, c’est le baptême de TER « intra-métropole ». Premier constat : le train est spacieux, confortable et climatisé, élément non négligeable par ces temps de canicule. Rapide aussi. À peine le temps de repérer les paysages traversés que Bassens est déjà annoncée. Bordeaux-Bassens, 9 mn montre en main de gare à gare : de la matière à ruminer dans les embouteillages de septembre !


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récit et photos Françoise Duret

 

Vers un « métropolitrain » ?

Quelles sont les alternatives aux déplacements urbains classiques ? C’est la question que le GPV entendait faire germer dans les têtes en proposant ce voyage. C’est aussi un sujet qui anime le maire de Bassens, Jean-Pierre Turon, qui accueille le groupe sur le quai. Pas de colliers de fleurs à l’arrivée mais un grand sourire et, tout de suite, le vif du sujet : « Je milite depuis longtemps pour que ce moyen de transport soit régulièrement utilisé. » On apprend que chaque jour 11 à 14 trains s’arrêtent ici et que 60 à 100 voyageurs prennent le train entre Bassens et Bordeaux. Seulement ? Un service commercial est ainsi fait : s’il y a peu de voyageurs, il y a peu de trains, et inversement. Un cercle infernal que les pouvoirs publics entendent briser. « Plutôt que d’ajouter des TER, il faudrait créer une ligne RER, aux trains plus fréquents, » poursuit Jean-Pierre Turon. L’idée fait son chemin à Bordeaux Métropole.

Le village change de visage

Le maire, guide du jour, entraîne la troupe à sa suite dans le quartier, et évoque les options qui s’offrent à la commune pour rendre la gare plus visible. C’est vrai qu’elle est un peu cachée et sans doute méconnue, bien qu’à deux pas du bourg. Elle longe une rue de petites maisons anciennes typiques des quartiers situés à la périphérie des gares autrefois. « C’est encore un peu un village, non ? » s’enquiert Frédéric, marcheur et reporter pour la Grande Radio. En réalité, ces 50 dernières années le village n’a cessé de se transformer.

 

Bel exemple : l’Escale Verte. En lieu et place d’une ancienne cité ouvrière s’élève ici depuis 2017 des maisons en accession à la propriété construites dans le cadre de l’opération 50 000 logements de Bordeaux Métropole. Sous le soleil écrasant de cette fin août, l’Escale Verte a des airs de village de vacances.

Au bout de la rue Joliot-Curie, une vieille bâtisse, rescapée de la cité ouvrière, semble résister à la poussée inexorable de la requalification urbaine. « C’est quand même dommage de ne pas garder ces vieilles maisons. C’est l’histoire de la ville, » déplore une marcheuse. « Mais ce sont des bêtes à chagrin, trop coûteuses à rénover, » objecte Jean-Pierre Turon.

 

Il fait chaud sur le bitume de l’avenue Félix Cailleau qui trace sa route vers le nord de la commune ! Refaite à neuf l’été dernier avec de larges trottoirs et une piste cyclable sécurisée, l’avenue est un axe majeur entre les communes de la presqu’île d’Ambès et le cœur de la métropole. Tant qu’on a le maire sous la main, on en profite pour prendre les infos à la source. Quid du prolongement de la ligne A du tramway vers le nord ? Mais non, ce n’est pas dans les tuyaux à la Métropole. Le A ne passera pas par là.

Deux Beauval pour le prix d’un

Deux petits kilomètres à pied, c’est de la régalade pour les arpenteurs urbains, mais l’ombre se fait rare. On rase les murs et on cueille des mûres. Ça devient une habitude !

Devant la résidence Beauval, un grand arbre prend le groupe sous son aile. « C’est ici Beauval ?! » s’étonne un marcheur. « Je croyais qu’on allait au château ! » C’est singulier mais c’est ainsi, à Bassens il y a deux Beauval : le domaine, 16 hectares de parc, château du 18ème, éolienne Bollée classée… et lieu magique pour les concerts du Festival des Hauts de Garonne ; et la résidence, authentique cité des trente glorieuses, 180 logements collectifs répartis dans 10 bâtiments de 4 étages, parc arboré.

Justement on va parler histoire et avenir. Ivonig Le Gall et Cyril Ferry, qui représentent le bailleur Clairsienne, accueillent les randonneurs. Autour d’un rafraîchissement bienvenu, et dans l’écrin du parc, ils évoquent l’opération de requalification urbaine qui va transformer la résidence : réhabilitation thermique complète, isolation par l’extérieur, ascenseurs, création de balcons, ajout d’un étage supplémentaire en attique…

Beauval, née en 1968, est toujours pimpante mais a besoin d’un coup de pouce pour passer le cap de la cinquantaine. Bien entretenue jusque là, elle doit pouvoir répondre aux besoins de logements, de confort et d’accessibilité d’aujourd’hui.

Les travaux débuteront cet automne pour une livraison en décembre 2020.

Réhabiliter c’est aussi se pencher sur le passé. Dans la lignée des trois recueils de souvenirs d’habitants réalisés dans le cadre des précédentes réhabilitations de quartiers (Le Bousquet, Meignan, Prévert-Le Moura), la ville a mis en place des ateliers mémoire qui déboucheront sur l’édition d’un livre en décembre. Le goûter s’attarde autour de photos anciennes, dont une dénichée dans les archives de Clairsienne, qui montre en 1969 une résidence modèle aux pelouses impeccables et aux allées bien tracées. On perçoit alors l’idéal locatif que représentaient les HLM au sortir de la guerre.

L’ouverture vers le fleuve

Il faut quitter l’ombre hospitalière des arbres de Beauval et la fraîcheur du bassin Montsouris, pour remonter vers le bourg.

Ceux qui aiment la Rive Droite pour son coteau adoreront la rue Ampère, avec ses 17% de déclivité que le groupe grimpe vaillamment. Jean-Pierre Turon a-t-il pitié des pèlerins ? Il leur propose une halte dans l’église Saint Pierre. Une église ouverte, c’est assez rare pour qu’on s’y arrête. Celle-ci vaut le détour pour sa fraîcheur, certes, mais aussi son autel sculpté par Raphaëlle Duval, artiste bassenaise, et les vitraux de Raymond Mirande, emmailliste, vitrailliste et poète bordelais.

Il est temps de rejoindre le bourg pour évoquer le projet de revitalisation. « Je pourrais parler 3h ! » annonce Jean-Pierre Turon. Mais il reste seulement 20 mn avant le train du retour. Le sujet est vaste mais le maire fera court : la ville a entrepris une opération visant à redonner sa vocation commerciale au bourg et davantage de visibilité. Et de s’adresser à la dame qui voulait conserver la vieille maison du quartier de la gare : « Voyez, ici on a gardé la façade d’un ancien bâtiment et on reconstruit du neuf derrière ! » Le bâtiment, ancien, avait du cachet. Il va prendre une vraie plus-value esthétique. Le métal ajouré et le végétal se fondront à la pierre de cette construction qui accueillera un restaurant et des professionnels de santé d’ici 2019. Une promenade végétalisée sera aménagée sur le côté, offrant au quartier en arrière-plan un passage vers la villa de l’Isle et le belvédère sur le fleuve.

On profite une dernière fois du panorama et de la belle humanité des lieux. Un marcheur doit rejoindre Beauval (le château) pour une balade musicale « Au pied de l’arbre » programmée par l’Été métropolitain. Ça tombe bien, le maire y va aussi ! « Je vous amène ! J’ai ma voiture ! » Vous en connaissez beaucoup, des maires qui vous amène au spectacle dans leur auto ? Belle humanité, on vous dit.

 

Pour aller plus loin

 

Dans l’Escale Verte

À propos de la résidence Beauval

Sur la revitalisation du centre bourg

 

Texte et photos Françoise Duret

 


Ligne(s) Droite(s), balades en compagnie…

Proposées par le GPV Rive Droite, les Ligne(s) Droite(s) sont 8 balades, en compagnie d’experts et d’habitants, pour faire découvrir au public de l’Été métropolitain la Rive Droite, son patrimoine, ses paysages, ses bons coins, ses initiatives et projets, son histoire, ses histoires….

Dans le cadre de l’Été métropolitain 2018 programmé par Bordeaux métropole, le GPV Rive Droite propose Ligne(s) Droite(s) : 8 balades en compagnie d’experts et d’habitants qui guideront les marcheurs pendant quelques heures à la rencontre des parcs, du patrimoine ancien et contemporain, des secteurs de projet urbain et des gens qui font bouger la Rive Droite à Bassens, Bordeaux-Bastide, Lormont, Cenon et Floirac.

 

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